Objectif Wing ! Avec la coach et compétitrice Marion Mattia et Fanatic

2021 aura marqué l’arrivée du wingfoil en compétition de haut niveau, et, si vous avez suivi ces évènements, vous n’avez pas pu rater le nom de Marion Mattia. Soutenue par Glisse ProShop et les marques Fanatic, Duotone et Ion, Marion, équipée de sa Sky Wing, passe le maximum de temps à voler au dessus de l’eau, quand elle n’est pas en train de coacher les jeunes du Yacht Club de La Grande Motte ou en compétition. Elle a notamment participé à la toute première étape du premier circuit international de wingfoil, le GWA Wingfoil World Tour, qui a eu lieu durant le mythique Mondial du Vent de Leucate, mais aussi aux premiers Championnats d’Europe en Suisse, ainsi qu’aux Freewing World Games, sur le Lac de Garde, où elle décrochera une place sur le podium aux cotés de nos françaises Olivia Piana et Orane Ceris. Avec ce groupe de rideuses, elles forment les pionnières de la discipline en compétition, alors on voulu tout savoir sur l’évolution du wingfoil de haut niveau, également ses conseils pour débuter de son point de vue de monitrice mais aussi son parcours !

Photo : Laure-Hélène Thibaud @lht_surf_photography

Bonjour Marion, tout d’abord, peux-tu te présenter toi et ton profil de rideuse à la communauté TotalSUP ?

Bonjour, oui bien-sûr : je suis née au Brésil, à Salvador de Bahia, avec une mère brésilienne et un père français (de Montpellier). J’ai passé mes 5 premières années de vie là bas, au Brésil ! Puis on est venu habiter en France, en gardant un maximum de lien avec le Brésil, en y allant le plus souvent possible. Naturellement, j’ai toujours été attirée par deux sports : le beach-volley et le surf (très emblématiques du Brésil). En France, je me suis d’abord mis au volleyball, habitant dans l’arrière pays de Montpellier, plutôt du côté des Cévennes que de la mer. Puis, passionnée de volley, j’ai choisi de partir en internat sur Montpellier, et là, en plus du volley, je me suis mise à fond dans le beach-volley, jusqu’à avoir un emploi du temps scolaire aménagé afin de pouvoir m’entraîner ! Cependant le beach-volley n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui et je “galérais” à trouver une partenaire pour faire les compétitions. Après mon bac (et permis voiture et permis bateau la même année), j’ai choisi de prendre une année sabbatique pour voyager et “trouver ma voie”.

Je suis partie d’abord 3 mois au Brésil, puis 3 mois en Nouvelle Zélande. C’est à ce moment là que je me suis vraiment mise au surf. En Nouvelle Zélande : un van plus une planche et c’était partie ! De retour en France, la passion du surf était gravée en moi et je me suis inscrite en STAPS option voile afin d’en apprendre plus sur la mer, la météo et cet environnement qui me passionnait. La planche à voile est le support qui m’a le plus plu car je retrouvais la glisse. Je suis alors devenu monitrice de voile puis coach windfoil au Yacht Club de la Grande Motte depuis un peu plus de deux ans maintenant.

L’apparition de la wing c’était “la folie” pour moi, j’ai tout de suite voulu essayer car je voyais en ce nouveau sport le mélange du surf, de la planche à voile et du kite (que j’aime aussi même si j’en pratique moins !). Je me suis mise à fond là dedans et me voilà là aujourd’hui ! Pardon c’est un peu long !! (Rire)

Photo : Giovanni Mitolo

Tu fais partie des pionnières du wingfoil en compétition, en ayant participé à première étape de la GWA à Leucate en 2021 et aussi aux premiers Freewing World Games l’automne dernier, comment as-tu vécu la naissance de ces évènements où tout était à imaginer ?

C’est vraiment ça : “tout était à imaginer” !!! Et j’ai envie de dire : tout EST à imaginer Encore aujourd’hui ! Pour moi c’était vraiment important de participer à cette première compétition à Leucate car c’était vraiment le tout début du sport et je voulais vivre ces moments super intenses et excitants du début. C’est mes collègues de travail qui m’ont aidé (même financièrement !) à aller à cette première compétition. Je leur en serais toujours reconnaissante ! Tout comme Glisse ProShop (magasin de glisse à Montpellier et sur internet) qui m’ont fait confiance dès le début et m’ont accompagné pour obtenir un partenariat avec Fanatic – Duotone – Ion.

Les compétitions auxquelles j’ai participé : GWA Leucate étape du Championnat du Monde, GWA St Moritz (Suisse) Championnat d’Europe et les Freewing World Game au Lac de Garde (Italie). J’ai adoré car il y a vraiment une super ambiance entre les riders. Ça parle technique, matériel, etc. On progresse vachement en participant à une compétition ! C’est comme un stage intensif (rire). J’ai progressé à chaque étape.

À Leucate ça faisait juste quelques mois (5 ou 6 je crois) que j’avais vraiment commencé la Wing. C’est encore aujourd’hui “tout récent” et on voit d’ailleurs des nouveaux tricks toutes les semaines sur les réseaux sociaux.

Photo : GWA Wingfoil World Tour

Comment penses-tu que ces compétitions de wing vont évoluer ? Entre le freestyle et la race par exemple, l’ouverture aux amateurs, ou peut être même l’arrivée de la longue distance et la régate… et des price money égaux ?

La Wing est rentrée dans la FFVoile. Des compétitions de Ligue vont se mettre en place dès début 2022 (en Occitanie en tout cas mais j’imagine aussi sur tout le territoire !). La compétition sera donc ouverte pour tous, avec plusieurs étapes dans la région ! La logique, en Occitanie, c’est d’avoir des formats fun de compétions, qui plaisent aux pratiquants. Ouvrir la pratique pour tous en formant les pratiquants dans les écoles de voiles pour qu’ensuite ils aient la possibilité de venir s’amuser à plusieurs sur l’eau avec des bateaux qui gèrent l’organisation et la sécurité.

Bien entendu, en parallèle, une structuration de la pratique haut niveau se met en place notamment avec le Centre d’Entraînement Méditerranéen (CEM), basé à La Grande Motte (si vous me suivez sur les réseaux vous avez du voir passer un post la dessus). Vous en saurez plus très prochainement.

Photo : Giovanni Mitolo

La Wing a vraiment “explosé” et on en voit de plus en plus sur les spots. L’avantage de la Wing c’est que ça réuni toutes les pratiques : voile, surf, paddle, ski… Mais aussi au sein même de la voile, tout le monde s’y met : planchistes, kitesurfeurs, ceux qui font du dériveurs, cata et aussi ceux qui font de l’habitable ! Je trouve ça extraordinaire de rassembler tout le monde sur une même pratique ! La Wing a beaucoup d’avantages : c’est bien même dans un vent irrégulier, on peut s’amuser dans du vent faible comme dans du vent très fort, sur du plat, du gros clapot, de la houle ou des vagues, c’est pratique à transporter, pratique à gréer, c’est plutôt accessible (en apprentissage pour une pratique foil) et l’été on est moins contraint que les kitesurfeurs qui doivent respecter des zones spécifiques pour les décollages. Bref ! Tout le monde y trouve son intérêt.

Pour revenir à la question c’est difficile à dire… Au plus haut niveau il y a deux circuits bien distincts : le GWA qui est plus basé sur “le fun et le spectaculaire”, ils mettent le paquet sur la communication ; et la IWSA Wingfoil Class qui eux sont vraiment axé sur la race (plus classique comme les pratiques olympiques de la voile). En fait je suis curieuse de voir comment ça va évoluer !

En ce qui concerne l’égalité des genres je trouve ça complètement fou qu’il y ai encore des inégalités et que l’on doivent “se battre” pour nos droits (en 2022 !!!). Il y a aussi beaucoup de sujets d’actualité qui me font halluciner… Il est tant que se monde se réveille et qu’on se rappelle de notre devise “liberté, égalité, fraternité”. Il faut selon moi, encourager la pratique féminine et la pratique des plus jeunes puisque pour le moment nous sommes les moins nombreux. Un des axes passe par les médias qui ont un rôle clef en montrant que les femmes et les jeunes aussi pratiquent ce sport. Merci beaucoup d’ailleurs pour cet interview

Photo : Laure-Hélène Thibaud @lht_surf_photography

Et de ton coté, vers quoi vas-tu t’orienter ? Plutôt race, freestyle ou surf ? En fait, tu n’es pas obligée de choisir

J’aimerai vraiment tout faire !! Cependant c’est vrai que j’ai un emploi du temps super chargé avec le travail : je fais des interventions à la Ligue et au Pôle Espoir en plus du Yacht Club ! Mon temps de navigation est donc restreint. Si je devais en choisir qu’un seul, c’est le surf qui me fait le plus rêver.

Et puisqu’on a une vraie monitrice et coach sous la main, donnes-nous tout tes conseils pour débuter et progresser en wing ! Que ce soit techniques, matos, spots idéals…

Déjà en tant que “vraie monitrice et coach de voile” je dirais que pour tes premiers pas il faut être encadré. Le vent off-shore (qui te pousse vers le large), par exemple, peut être très dangereux si tu débutes ! Même pour les experts, il n’ai jamais conseillé de naviguer dans du vent off-shore car on n’est jamais à l’abri d’un problème matériel ou physique. Donc mes conseils pour débuter :

1. Prendre des cours : Car tu auras des conseils adaptés, du matériel adapté, un spot le plus adapté selon les conditions météo et un bateau de sécurité. S’il n’y a pas de vent, on peut apprendre à voler derrière le bateau ! Aussi, pour apprendre à piloter l’aile on peut commencer avec une planche à dérive.
2. Avoir du matériel adapté pour débuter : C’est l’avantage aussi d’aller dans une école pour tes premiers vols en wing = pas besoin s’investir tout de suite dans du matériel débutant dont tu vas rapidement te lasser. Au début il va te falloir une planche volumineuse. On choisit par rapport à ton poids mais aussi ton passif dans la glisse. Même pour un champion de la glisse il faut au minimum +20L par rapport à son poids. La plupart du temps il faut entre 120L jusqu’à 185L pour débuter. Pour la voile, le plus simple c’est de commencer avec une petite voile 3m, 4m, maximum 5m. Plus grand ça sera beaucoup plus difficile car la voile aura tendance à toucher l’eau. En foil : un mât pas trop grand au début car la hauteur des premiers vols impressionne !! Mais pas trop trop court non plus car après on décroche plus vite. Entre 65cm et 75cm c’est bien. Un fuselage assez long donnera plus de stabilité. Tout comme un “gros” stabilisateur et une grande aile avant (entre 1600 et 2200). Avoir ton matériel de sécurité : combinaison intégrale, casque, gilet, leash bien entendu. Ça c’est obligatoire ! Tu peux ajouter les chaussons si tu veux car c’est mieux pour débuter… après personnellement je n’aime pas naviguer avec des chaussons car je trouve qu’on a moins de sensibilité et donc on est moins précis sur un engin qui nous demande d’être super précis sur nos appuis.
3. Un plan d’eau adapté : l’idéal c’est une mer super flat et entre 15kts et 20kts. (Attention la mer est souvent flat quand le vent est off… Important d’avoir un bateau de sécurité car vous allez très vite dériver les premières sessions !!) Le vent faible est très technique au début donc il faut privilégier les vents mediums à soutenus.

Photo : GWA Wingfoil World Tour

A propos de matos, peux-tu nous parler de ton partenariat avec Fanatic et Duotone ?

Yes ! Je passe par un shop Glisse Pro Shop et bien évidemment Fanatic / Duotone France. En 2021 j’avais une planche de wing et un foil prêté. Et j’ai un prix rider pour mes voiles et mon surf foil. J’espère faire évoluer mon contrat en 2022.

Quels est ton matériel de prédilection en wing et pour quelles conditions ?

C’est difficile à répondre car pour le moment je n’ai eu qu’une seule planche. J’ai eu la chance cependant de tester des planches plus petites et des foils plus petits également.  Je dirais que mon idéal serait d’avoir : une 35 ou 45L pour le freestyle, les vagues et le surf foil, et une 60L pour le light wing et la race. En voile, pour les compétitions c’est bien d’avoir plusieurs tailles, pour moi de 3m, 4m, 5m et 6m. Pour un particulier deux voiles suffit largement pour tout faire ! En foil, j’aime maintenant quand ça va vite, donc plutôt petite aile avant et petit stab ! En se moment je navigue avec une aile avant entre 750 et 1200 max. J’aimerai passer en full carbone aussi pour que ça soit plus léger pour les sauts. Avec un mât de +/- 85cm pour que ça soit polyvalent.

Photo : Giovanni Mitolo

Et hors wing, quel est ton quiver sur les autres supports que tu aimes le plus rider (stand up paddle, windsurf, windfoil, surf…) ?

En ce moment je navigue essentiellement en wing. Quand je ne suis pas en wing, je suis en surf : longboard ou surf foil en général mais j’aime aussi le shortboard ! Là, j’aimerai vraiment me mettre au SUP foil pour faire des downwinds. Je vais voir ça avec Olivia (Piana, ndlr) J’ai toujours mon carver dans la voiture.

Pour finir, pour cette année 2022, quoi de prévu ?

On vient d’avoir le calendrier du GWA (bien chargé !), j’attends celui du IWSA Wingfoil Class. Il faudra que je fasse des choix car il y aura énormément d’étapes en 2022. Si on parle de mes rêves / projets : j’aimerai prendre des grosses vagues en surf foil “tow-in” et j’aimerai rider des vagues de “rêve” en wing si possible dans un pays chaud. Merci pour ton interview !

Photo : @oliviapiana

Merci Marion pour tes réponses et tous tes conseils, et on te souhaite une très belle saison !

Suivre Marion Mattia sur Instagram :
instagram.com/marion.wingfoil

Pour plus d’informations sur Fanatic rendez-vous sur :
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