Le foil comme art de vivre : rencontre avec le waterman et ambassadeur Indiana Steeve Fleury

De la pagaie au crayon, rencontre avec le waterman et ambassadeur Indiana Paddle & Surf Co. Steeve Fleury. Originaire des rives du lac Léman, Steeve a conquis les eaux en tant que multiple Champion de Suisse de stand-up paddle. Mais aujourd’hui, c’est vers le foil sous toutes ses formes qu’il s’est tourné : pumpfoil, SUP foil, wingfoil, surf foil… bref, un véritable waterman. Mais ce n’est pas tout ! Steeve est également un artiste avec son propre univers. De son impressionnant quiver Indiana, la marque Suisse de sports de glisse, à la complémentarité de tout ses sports, en passant par quelques tips pour faire du downwind sur le Léman, Steeve Fleury nous raconte comment désormais sa vie gravite autour du foil.

Hello Steeve ! Waterman, multiple champion de Suisse de SUP Race mais aussi artiste… peux-tu nous raconter ton parcours ?

Salut, je viens d’une petite commune sur les rives du lac Léman. J’ai eu la chance de tremper rapidement dans l’eau grâce à mes parents qui pratiquaient le windsurf. Lors de vacances au bord de mer, j’avais acheté une carte postale avec un surfer dans un tube et cela me fascinait. Plus tard, mon paternel s’était fait faire un custom chez Eddy Ferrari et, lorsque j’ai pénétré dans l’atelier de shape, l’odeur s’est gravée dans mon esprit et dès lors, je savais que je voudrais shaper. J’avais 6-7 ans, plus tard, à 27 ans c’était le moment de réaliser ce qui s’était gravé en moi. Donc, je décide de rejoindre mon cousin en Australie pour 3 mois. On se loue un van 🚐 et on bouffe de la mousse pendant un mois quotidiennement, après, on arrive à prendre de plus en plus de belles vagues pendant le reste du trip. De retour en Suisse, il me faut trouver quelque chose pour avoir un contact quotidien avec l’eau et ça tombe bien, Laird vient d’inventer le stand-up paddle et Naish sort sa première collection. La, c’est le début de l’aventure SUP qui dure depuis 2007.

Plus tard viennent les courses et les titres, puis la retraite et le foil. Ah oui et pour l’art, j’ai toujours côtoyé des artistes et j’ai rapidement customisé les planches que mon premier sponsor me fournissait. J’ai eu la chance d’être dans le team Nidecker avec Éric Terrien et Abel son shaper, ce qui m’a tout de suite rendu humble. Tu peux être le meilleur de ton pays et vraiment loin du niveau mondial et ça, c’était pas facile à gérer quand on est quelqu’un de sincère. Maintenant, je me consacre totalement à la pratique du foil et ça, c’est incroyable.

Tu es donc multiple champion de Suisse en SUP Race, mais tu es aussi un touche à tout des sports de glisse ! Peux-tu nous dire lesquels tu pratiques ?

Alors, j’ai dû commencer par le ski, car en Suisse, c’est une institution qui est au-delà du sport. Puis rapidement le windsurf, le skate, le vélo casse-cou, le bob à volant. Ensuite le snowboard, le mountain bike et toujours le skate. Pour finir le surf, le stand-up race, le stand-up wave, la pirogue, le stand-up foil, le prône, la wing et le pumping.

Est-ce que, selon toi, tous ces sports sont complémentaires ? Est-ce qu’une bonne session de pumpfoil pourra aider à être plus performant en wingfoil ? Ou encore est-ce qu’un downwind en wingfoil va permettre de mieux appréhender la prochaine session de SUP Race ? Etc…

Alors, je dirais que oui, sur le plan physique et aussi sur le plan du style et de la démarche. Le skate, c’est ultra dur, tu es tout seul avec toi-même, tu es hors la lois, car c’est presque interdit partout, ça fait mal et tu dois élever l’échec au rang d’essai pour arriver enfin à replaquer une figure. Mais, la culture qui l’entoure est fantastique.

Le windsurf, c’est compliqué quand tu n’habites pas sur le spot, il faut des conditions pour pratiquer et le vent t’épuise au bout d’un moment. Le snowboard, c’est plus facile quand tu habites dans les Alpes, mais, pour bien en faire, il faut travailler ton regard, tes gestes, tes appuis, mais c’est plus pratique pour répéter tes gammes qu’en surf ou tout change sans cesse. Pour le foil, c’est la même chose, bien surfer, comprendre la mécanique des mouvements, te positionner, t’aide à mieux foiler.

Savoir pumper t’aide à mieux winger et faire de la wing t’aide à mieux pumper. Faire des downwind en wing te fait passer un temps immense sur le foil et te permet de beaucoup apprendre pour faire des downwind en pumpfoil. Tout est lié dans la vie, prendre le temps, regarder, être curieux t’amènera toujours quelque chose à un moment.

Celle qui partage ma vie m’a encouragé à faire de la méditation en pleine conscience, car j’ai une légère tendance à avoir le cerveau en fusion. Dans mes sessions, au bout d’un moment, j’ai la tête qui s’enclenche et je développe des idées, à ce moment, je ride moins bien et donc cette pratique m’aide lorsque je glisse à me relâcher, à ne plus penser à rien et à laisser mon être se connecter aux sensations, ce qui me permet de mieux réagir et d’être plus en phase avec l’instant présent.

Donc pour répondre oui tous ces sports sont complémentaires, ainsi que malheureusement ton hygiène de vie et toute ta vie.

Est-ce que tous ces sports de glisse et ton rapport à la nature inspirent ton art ?

C’est clair, c’est ma vie et j’y puise mon énergie ainsi que le reste donc forcément que cela inspire mes pratiques artistiques. Ce n’est pas forcément direct, j’ai fait une série de poissons avec des bateaux. C’était certes deux éléments que je croise souvent lors de mes diverses pratiques, mais je ne suis ni pêcheur ni navigateur.

J’étais plus attiré par le côté visuel de gravures que je pouvais croiser lors de surftrip, dans un bar de port, dans une échoppe du bord de mer, dans un musée et en fusionnant les deux, je pouvais un ressentir cette atmosphère et en plus parler de la pression que l’on met sur la nature et le vivant et ça non seulement avec notre corps, mais aussi avec tous nos outils qu’ils soient faits pour travailler ou s’amuser. Alors oui, que je dessine, que je crée une performance, que je gueule dans un micro, toutes mes pratiques s’inspirent les unes des autres.

Tu pratiques tous ces sports sur des lacs en Suisse ? Dis-nous tout, quels sont tes spots ?

Hahaha, tu crois quoi, que l’on donne ces spots comme ça au premier interview 🙂 L’avantage avec le foil c’est que tout ce qui contient de l’eau peut devenir un spot. Je me rappelle que j’ai toujours utilisé le paysage qui défilait par la fenêtre du van familial ou de celle d’un train pour rider celui-ci. Il y a les barrières que tu grindes à l’infini, les talus de pont d’autoroute que tu sautes les caniveaux que tu utilises comme un snake run bref tout se ridais dans ma tête, et bien en foil, c’est possible et ça, c’est incroyable. J’ai même de la peine à y croire tellement le potentiel et infini.

Donc pour les spots, la région genevoise est vraiment bien pour le DW en foil, car il y a des trains qui te ramènent au départ toutes les 15 min. Donc, tu pars d’un ponton entre Coppet et Genève et tu as pas moins de 10 arrêts pour prendre un lift de retour, ce qui te permet de choisir entre un run de 6min, de 12, 24min etc, jusqu’à 60min. Mais, si tu veux faire plus long pas de souci, pars de plus loin, mais il n’y aura que deux trains par heure 🙂 Ici, on n’a pas de mer, mais on a des idées, euh non, des trains, mais non des lacs à foison.

Comment as-tu intégré la team Indiana ?

De 2011 à 2018 j’étais chez Nidecker, un marque de snowboard suisse qui faisait des stand-up grâce à un certain Robert Etienne. Ils étaient placés au top de la hiérarchie, car ils ont débuté dès le début des courses, ils devaient être les premiers avec Naish et Starboard à proposer une planche race de série.

Quand l’aventure du SUP s’est terminée, il me fallait trouver un nouveau sponsor et du coup, c’est naturellement que je me suis approché du team Indiana que je connaissais bien depuis le temps que l’on se croisait sur des courses et autres événements. En plus, je savais que ce serait le seul team qui pourrait m’offrir de prendre part aux développements de certains des produits que j’utiliserai, comme je le faisais par le passé, et ça, c’était essentiel pour moi.

Parle-nous de ton quiver Indiana pour le foil et le wingfoil…

Bon là, c’est du sérieux. Je vais commencer du plus petit au plus grand 🙂

Pour le pumping :

• Indiana 3’7 LeDoigt de 24L qui me permet de rentrer tranquillement à la rame quand je chute loin loin loin du rivage.

Pour le Prône Foil :

• Indiana 4’0 LeDoigt de 30L qui fonctionne dans toutes les conditions où il y a un bout d’écume

Pour le DW en planche de pump, j’utilise ma Indiana 3’7 de 24L.

Pour ces trois disciplines, j’ai 3 foils à disposition :

• Pour des micros conditions de vagues ou de l’endurance :
  • 1396 P / Fuselage alu short/ stab HP 370 / Mât LW72 / angle stab 1degre / front wing 1396cm, 2047cm2
• Pour des vagues du genou à la taille ou du freestyle :
  • 1200H-AR / Fuselage carbon 575/ Stab HP 336 / Mât LD72/  front wing 1200cm, 1680cm2
• Pour des vagues mi-cuisse à overhead, du prône surf et de la wing
  • LeDoigt M / Fuselage carbon 575/ Stab HP 336 / Mât LD72/  front wing 973cm, 1236cm2

Pour la wing :

• Board: Indiana 55L
• Wing: Ozone V3 4.3 ou 3m
• Foil: LeDoigt M / Fuselage carbon 575/ Stab HP 336 / Mât LD72/  front wing 973cm, 1236cm2

Pour le light light wind wing :

• Board : Indiana SupFoil 7’0
• Wing : Ozone V3 4.3m
• Foil : 1200H-AR / Fuselage carbon 575/ Stab HP 336 / Mât LD72/  front wing 1200cm, 1680cm2

Pour le surf :

• Indiana LeDoigt Zoco 5’6 style mini Simon

Pour le SUP foil :

• Board SupFoil 7’0 Proto
• Pagaies carbon de la même taille que moi 🙂
• Foil même setup que pour le pumping

Pour le SUP Surf :

• Indiana 8’1 Wave
• Indiana 7’8 Wave proto

Pour le prone :

• Indiana 12’0

Et pour le SUP Race :

• Indiana Openwater 12’6×23 pour l’entraînement
• JLM 7.5” Swiss champ race Fin
• Indiana OpenWater 14×23
• JLM 7” Malfroid Race Fin
• Indiana Finless 14×21 proto sans aileron pour l’entraînement

Et pour finir, s’ il fallait trancher, quand il y a du vent, plutôt SUP downwind ou session wing foil ?

Alors là… un jour sur deux. Ça va dépendre des conditions de vagues et de la régularité du vent, je tire souvent à pile ou face, mais moi, je dis sagesse ou tête brûlée. Si tu tombes du côté de l’effigie, c’est sagesse, il te faut prendre une décision sage. Si tu tombes du côté où il y a la valeur de la pièce, c’est all in, tu mets tout dans la machine à sous et tu joues tête brûlée, tu y vas à fond. Avec cette méthode j’ai jamais de regrets :), donc je dirai une session wing et quand ça baisse un DW en SUP voilà.

Merci beaucoup Steeve pour tes réponses !

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