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Alpine Foil : dans les coulisses du foil Made In France, entretien avec Damien Chaboud

30th June 2023

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Si vous ne connaissez pas encore AlpineFoil, on vous promet qu’à la fin de cet article, vous allez être calés ! AlpineFoil est une marque française de foil qui conçoit et fabrique ses foils en France, dans les Alpes. Créée de A à Z par Damien Chaboud, Alpine Foil a fait partie des pionniers du foil avec le kitefoil, avant de poursuivre sur le windfoil, le surf foil et bien sur le wingfoil. Mais, ça n’a pas été de tout repos avant d’en arriver là où ils sont aujourd’hui ! Damien Chaboud nous raconte l’histoire captivante d’AlpineFoil, avant de nous présenter leur gamme complète, mais aussi de nous expliquer où et par qui sont conçus et fabriqués leurs foils. On vous laisse vous plonger dans cet entretien passionnant avec Damien Chaboud, accompagné de quelques images en coulisses de l’usine, c’est une lecture qui vaut le coup ! (PS : Alpine Foil est toujours à la recherche d’ambassadeurs !)

Bonjour Damien, tu es aujourd’hui à la tête d’Alpine Foil, une entreprise spécialisée dans la conception et fabrication de foils haut de gamme et Made In France ! Peux-tu nous raconter un peu ton parcours avant d’en arriver là ?

Au départ, j’étais ingénieur dans un grand groupe dans l’électronique et l’informatique, je faisais du travail au bureau d’études et je faisais du développement à la fois logiciel et à la fois mécanique sur des systèmes d’alarme. C’est ma formation de base. Mais, avant ça, je suis surtout un passionné de glisse et un passionné par tout ce qui vole : j’ai fait beaucoup de parapente, de ski, de windsurf, etc.

Ensuite, le foil, c’est une histoire un peu particulière. Souvent, les gens ne comprennent pas trop pourquoi on est dans les Alpes, mais en fait, le foil a été inventé dans les Alpes. La raison est relativement simple, c’est que dans les Alpes, sur les lacs, les vents sont très faibles et un peu irréguliers. Du coup, depuis toujours, quand on a commencé à naviguer en windsurf puis en kitesurf, on cherchait des systèmes pour naviguer avec des vents faibles puisque que l’on n’avait que ça, c’est-à-dire qu’on passait 5/6h sur la plage et on naviguait une demi-heure. Alors que les gens à la mer, ils ont de l’air, ils naviguent… mais nous, sur les lacs, ce n’est pas ça. Donc, on s’est toujours creusé la tête pour trouver des solutions pour essayer de naviguer avec des matériels plus adaptés. En windsurf, c’était des planches plus larges, des grandes voiles, en kitesurf c’était aussi des planches plus larges et plus longues… 

Damien Chaboud

Puis, à un moment donné, j’ai eu l’opportunité de tester par un ami qui a acheté un foil aux USA, et c’est comme ça que j’ai découvert ce sport. J’ai trouvé ça absolument passionnant. Quand il m’a fait essayer ce foil en fait, c’était un des tous premiers et je me suis dit :”je pars en vacances dans 15 jours, il faut que j’aie un foil avec moi en vacances”. Donc, je me suis fabriqué un foil dans mon garage, je suis très bricoleur à la base, je suis parti en Corse et je me suis éclaté avec ce truc que j’avais fabriqué. Quand je suis arrivé sur la plage en Corse, c’était en 2007-2008, tout le monde me prenait pour un extraterrestre ! Quand tu faisais du foil, tu étais un extraterrestre. C’était incroyable ! En Corse, j’ai rencontré des gens qui m’ont dit : “ah moi, tu me le laisses, je t’en achète un, tu m’en fabriques un…” enfin voilà, c’est comme ça que c’est parti.

Moi, j’étais toujours salarié, je continuais de travailler, et j’ai commencé à perfectionner mes foils. Je naviguais de plus en plus pratiquement qu’en foil au lac du Monteynard. Au départ les copains me disaient “non non le foil, ce n’est pas pour moi, c’est trop compliqué”, ils regardaient ça en se disant que c’était génial, mais ils ne voulaient pas essayer. Puis, au bout de deux ans, finalement, il y en a un qui a dit “ouais bon moi, j’essaye”. Il a essayé, il a dit “finalement, ce n’est pas si dur, c’est top, on remonte super bien au vent, on peut naviguer avec pas d’air”… et là tout est parti ! J’avais 40 ans, j’ai dit bon allez, c’est maintenant, donc je me suis jeté à l’eau et j’ai créé Alpine Foil.

Mais bon, la création était un gros challenge : quitter un poste d’ingénieur pour me retrouver à bricoler dans mon garage, avec une famille, deux enfants, une maison à payer… enfin, c’est un gros pari ! Les trois premières années, il n’y a pas eu un jour où je ne me disais pas que c’était trop compliqué, que j’allais laisser tomber. Puis finalement, j’ai réussi à dépasser ces difficultés et à avancer et là après ça a marché et c’était génial. Au début, j’étais tout seul dans mon garage. Après, il y a eu ma femme qui m’a rejoint, on était deux dans le garage à fabriquer des foils. Ensuite la demande a commencé doucement à arriver, on s’est dit il faut sous-traiter. On a essayé, puis là, ça a été un peu la cata. C’est-à-dire que l’on avait des partenaires qui étaient vraiment des très belles usines pour automobiles, qui maîtrisaient le composite, mais par contre qui ne comprenaient rien aux foils. Les produits, ils étaient beaux, mais il y avait plein de problèmes, il fallait tous les reprendre un par un, c’était abominable. Pareil, les premières planches de foil que j’ai fait fabriquer en Asie, la première série que j’ai achetée, c’était 30 planches, et là, 30 planches avec des problèmes. Toutes les planches, une par une, je les ai complètement réouvertes au niveau des boîtiers et tout refait une par une. Après cette expérience, je me suis dit que sous-traiter ce n’était pas possible, alors je me suis décidé à me remettre à fabriquer des foils et d’essayer de développer et d’inventer toutes les meilleures techniques possibles spécifiques au foil. Car en fait, on sait fabriquer des planches, on sait fabriquer des pièces pour les voitures, pour les avions, mais personne ne sait comment on fabrique des foils. Il fallait faire un mix de toutes les technologies du composite pour fabriquer des foils de façon rentable. Car oui, les premiers foils que j’ai fabriqués, pour faire un seul foil, il fallait trois semaines. Donc, ce n’était pas rentable du tout. Il fallait optimiser tout, du début à la fin, trouver les petites astuces pour gagner du temps et avoir de la qualité, etc. C’est comme ça que ça a vraiment commencé. 

Après cette étape-là, j’ai loué un petit bâtiment dans un très grand local, où j’ai pu grandir petit à petit. Puis j’ai ajouté des machines, des centres d’usinage, des presses… une fois que j’avais défini la vraie technique pour fabriquer, je me suis équipé petit à petit, puis on a grossi dans ce bâtiment que je louais. J’ai eu un premier salarié, un deuxième etc, et ensuite ça se passait plutôt pas mal. En 2017 on a dû quitter le bâtiment, car il allait être vendu. Là, j’étais un peu découragé parce que j’avais des presses de plusieurs tonnes, des outillages énormes. J’ai commencé à regarder les prix des bâtiments, je n’arrivais pas à trouver des prix viables. Puis finalement, je me suis dit, allez, on se remet encore un gros paris, un gros challenge, on achète un terrain et on construit un bâtiment. Là, je me suis dit il faut y aller.

Entre temps, c’est vrai qu’au début, quand j’ai commencé à concevoir les foils, j’ai gagné des concours d’innovations, eu des prix sur des concours artisanaux. Ce qui m’a permis d’aller me vendre auprès des banques, qui ont accepté de nous prêter de l’argent pour que l’on construise notre bâtiment. Donc, on a tout de suite vu les choses en grand, on a acheté un terrain de 5000 m². 0n a construit notre usine, c’était en 2018, donc pas si vieux non plus. Même le bâtiment, c’est moi qui l’ai dessiné, il a fallu que je suive toute la construction, tout en faisant vivre Alpine Foil, plus tous les salariés, plus toute la com… voilà c’est vraiment en mode artisanal, mais plus plus. 

Comme tous les entrepreneurs, enfin pas mal d’entrepreneurs, le challenge, c’était d’arriver à s’en sortir. Il y a beaucoup d’entrepreneurs qui arrivent, ils lèvent des fonds et après, ils mettent de l’argent et ça passe ou ça casse. Moi au contraire, j’avais une autre démarche, c’est-à-dire, je partais de presque rien, j’ai acheté des vieilles machines qui avaient 40 ou 50 ans. Je les modifiais, j’achetais ça pas grand-chose et après, je rajoutais de l’électronique pour en fait ne jamais trop dépenser d’argent et arriver à être rentable. Donc beaucoup de débrouille !

On est parti de rien, au début, il n’y avait aucune information, même sur les foils. Aujourd’hui, tu veux fabriquer un foil, tu regardes un peu ce qui se fait, tu reprends des cotes et tu as un truc qui marchotte. À l’époque, il n’y avait rien ! Les premiers foils que j’ai fabriqués, c’était des profilés aluminium sur lesquels je pouvais faire coulisser le mat, coulisser les ailes… pour fabriquer des systèmes modulaires pour essayer de trouver comment ça marcherait. Après, on s’est rendu compte qu’il y avait certains trucs qui ne marchaient pas, y avait des problèmes de fiabilité, il a fallu trouver toutes les solutions, trouver pourquoi ça ne marchait pas… Aujourd’hui c’est vrai que tu arrives, tu reprend ce qui se fait et tu fais les mêmes choses et tu n’as pas de problèmes. Puis maintenant, tout le monde sait comment ça se fabrique les foils, alors qu’à l’époque personne ne savait comment ça se fabriquait. Donc, il fallait tout inventer !

Où Alpine Foil a-t-elle implanté ses bureaux d’études et son usine ? Est-ce que le choix du Made in France a toujours été une évidence pour toi ? 

Toujours été une évidence… oui et non ! Non, en fait au départ, c’est vrai que je m’étais dit que si je veux arriver à être compétitif, il faut fabriquer pour que ça ne coute pas trop cher, parce qu’en fait il y a des revendeurs, y a des magasins… Il faut que chacun puisse trouver sa marge, etc. Mais, quand j’ai vu en sous-traitance comment ça se passait, je me suis dit non, ça ne va pas être possible. C’était surtout lié à des problèmes de qualité et le Made In France pour moi, c’était très important par rapport à la maîtrise de la fabrication. Donc c’est devenu une évidence assez rapidement, parce que je savais qu’en faisait sous-traiter comme quand j’ai fait faire les planches en Asie, il y avait tellement eu de problèmes que je ne voulais pas repartir là-dedans. Je me suis dit moi, je suis une petite entreprise, je n’ai pas beaucoup de moyens, je ne peux pas me permettre de te tromper. Si j’ai une fabrication asiatique et qu’il y a les trois quarts des trucs qui arrivent HS, demain, je disparais, c’est fini quoi. Donc, je me suis dit non, je ne prends pas ce risque, je vais tout faire moi-même, mais par contre, je vais maitriser mes coûts en faisant tout moi-même (rires) !

Disons que l’avantage, c’est que l’on a une entreprise qui est ultra-saine, on maitrise toutes nos dépenses et tous nos coüts. Après, on est limité par notre expansion puisqu’on ne fait non plus pas des volumes énormes. On n’a pas mis énormément d’argent sur la table pour la comm, pour faire des films tout ça… On reste dans la philosophie un peu artisanale plus plus.

Tout Alpine Foil est chez nous dans notre usine du Touvet, on n’a qu’une seule grande d’usine qui fait 1200m² à 2km de chez moi. Moi, je suis venu habiter au Touvet pour le plus gros spot de parapente qui s’appelle St-Hilaire-du-Touvet, car j’étais ultra-passionné de parapente. L’usine, on l’a construite à côté de la maison. On est près de l’autoroute, on est au pied des Alpes, au pied des stations de ski, on est bien… Et on a tous les lacs autour de nous, on a trois grands lacs qui marchent très bien, on peut naviguer et faire du ski dans la même journée, c’est incroyable.

Peux-tu nous faire un petit tour d’horizon des différents produits proposés par Alpine Foil ?

On a trois grandes familles. On a le kitefoil qui a été la première activité, ensuite, on a eu le windfoil qui vient compléter le kitefoil, qui est arrivé un peu plus tard. Ensuite, on a le wingfoil que tout le monde connaît. Puis, on a des activités connexes qui sont le downwind, le surf foil, le dockstart… et là cette année, on a essayé de faire des connexions entre certaines activités, notamment entre le kitefoil et le wingfoil.

On a un produit qui marche très très fort, qui s’appelle le Modular, comme modulaire. L’objectif, c’était d’avoir un foil qui puisse réellement très bien faire les deux disciplines. On a une base commune, c’est-à-dire le mat, le fuselage, et ensuite les ailes sont un petit peu différentes, les stabs peuvent être communs… Sur le Modular tout est modulaire, c’est-à-dire que l’on peut commencer avec une version avec un mât aluminium, on a toutes les longueurs que l’on souhaite, on peut ensuite mettre un mât carbone dessus à la place de l’aluminium… et à l’inverse ce qui se fait habituellement sur le marché, on a fait en sorte de pouvoir remplacer que le profilé du mât. Ça veut dire que l’on conserve sa platine, et ça permet de réduire considérablement les coûts dans l’évolution.

Aujourd’hui, tu as un foil de wing d’une marque XY en aluminium, tu veux passer au carbone : bon, dans certains cas, ce n’est pas possible, dans certains autres cas, c’est possible, mais il faut changer le mât et la platine, donc tout de suite, c’est 1000-1300€, ou parfois même il faut changer le mât, la platine ET le fuselage, tu conserves que tes ailes. Là, tu en as tout de suite pour très cher. Là, chez AlpineFoil, un gars qui veut passer d’une version aluminium à une version de carbone, il va mettre un billet de 600€ et il aura un mat carbone à la place, il conserve sa platine, donc en fait il ne dépense pas trop.

Le Modular c’est ça, c’est-à-dire pouvoir avoir différentes longueurs de mât carbone, mais sans tout changer, donc limiter les dépenses. On peut aussi avoir des carbone classiques ou des carbone haut module encore plus performants, d’avoir des boitiers différents, c’est-à-dire, on peut avoir un KF Box qui est un boîtier pour le kitefoil, on peut avoir une platine pour la wing ou autres… On peut avoir des stabs d’un peu toutes les tailles, des ailes d’un peu toutes les tailles…  Mais, le point important, c’est que nous sommes la seule marque où toutes nos ailes sont compatibles depuis le début, depuis 2007. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, un gars qui a un Alpine Foil de 2007, on peut y mettre des ailes d’aujourd’hui. Ça, c’est très important parce qu’en fait, dans le passé, moi, j’ai vécu l’époque windsurf où les standards d’ailerons changeaient tous les deux ans, du coup, on ne pouvait jamais mettre les bons ailerons sur les bonnes planches… C’était la galère. Aujourd’hui finalement, on se rend compte que dans une même marque, d’une année sur l’autre, il n’y a rien compatible non plus. Alors t’as des personnes qui viennent me voir, qui me disent “j’en ai marre, ça fait deux fois que j’achète une marque, et puis deux ans plus tard mon foil, je peux plus vendre parce que l’on ne peut plus acheter de nouvelles ailes”. Ce n’est pas une critique, mais, chez nous, on a anticipé ça, car on l’a vécu, et notre idée, c’est vraiment de garder cette compatibilité, cette modularité.

Avec le Modular, on a des personnes qui font du kitefoil, mais aussi du wingfoil. En fait, il y a beaucoup de connexions, de plus en plus, entre le wingfoil et le kitefoil. Les foils de wing ressemblent de plus en plus à des foils de kite, qui ont énormément de glisse, des mâts plutôt fins… On a énormément travaillé sur la rigidité des mâts pour pouvoir encaisser les contraintes spécifiques au wingfoil, du coup, on a des mâts fins et très rigides, que ce soit en alu ou en carbone. Après, on a une particularité sur nos foils Alpine, c’est que nos foils en aluminium ont une anode sacrificielle comme les bateaux, pour les protéger de la corrosion. On a été les premiers fabricants au monde à mettre ça sur des foils, ça permet de protéger un peu plus le foil.

On a aussi un système de connexion qui est universel, pensé depuis le départ, parce qu’à l’époque on ne savait pas que l’on ferait de la wing, ni du surf foil. Mais, on s’était dit que si on faisait un système trop typé, on serait obligé de changer le fuselage pour le réadapter à chaque fois. Alors que là, on a fait un système qui est ultra-modulaire, un plat avec deux pentes et quatre vis décalées pour encaisser la rigidité et ça, ça s’adapte à tout. C’est-à-dire que chez nous un mec qui fait du windfoil, il peut faire du wingfoil et utiliser les mêmes ailes. Pareil pour le kite, souvent, on a des mecs qui utilisent par exemple le 750 en wing mais aussi en kite. On peut mixer, c’est ça qui est sympa dans le concept du Modular.

Pour en revenir à la gamme, en kitefoil, on a le Modular kite, en version carbone ou alu, après, on a un autre modèle qui s’appelle le Rave, modèle haut de gamme carbone ou titane, avec là aussi une passerelle, car le fuselage utilisé en kitefoil est le même en wing. Donc, on conserve ce fuselage et on peut mettre un mât carbone de wing dessus. Après, on a une autre gamme qui est plutôt course qui s’appelle Zénos, mais en fait qui est un petit peu aujourd’hui obsolète, car maintenant il y a des très grosses marques qui sont typées dans la race et nous, on s’intéresse plutôt au grand public que vraiment à la course.

Pour le wingfoil, on va dire que l’on a trois grandes familles avec des options possibles. Donc, on a le Modular Alu, le Modular carbone normal, le Moldular carbone HM, qui est la version haute performance et qui a un fuselage un peu plus long que les autres, donc il va être plus stable longitudinalement, qui va être très bien pour le downwind, très accessible. Ensuite, on a une autre version qui s’appelle la famille Hawk, qui est une famille un peu particulière puisqu’on est sur des mâts en S. Ce sont des mâts qui avancent vers l’avant, un peu en forme de S. L’intérêt de cette technologie que l’on a développée en 2010, permet de supprimer les phénomènes de ventilation. C’est-à-dire quand on va très très vite, le foil arrive à ventiler et on décroche, on tombe. Cette techno, ça permet de supprimer ça. Ça, c’est le premier point Le deuxième point, c’est que l’on a un point de pivotement avancé. C’est-à-dire que le foil, le mât, il est plus en avant sur l’aile, plus en avant sur le fuselage. Tous les foils que l’on voit aujourd’hui, ils ont l’aile devant le mât parce qu’ils sont connectés par le mât, donc ils ne peuvent pas être sous le mât. Nous, avec notre système, on peut avoir l’aile sous le mât. Ça a un énorme avantage, c’est-à-dire qu’avec un mât plus avancé le reste suit naturellement, il n’y a pas d’instabilité, dès que tu rentres dans une courbe, tout le foil suit et se met dans la courbe. En fait, sur un foil, le point de pivot, c’est le mât, et donc si le point de pivot est plutôt vers l’arrière, le foil est un petit peu instable en latéral, il va aller un peu à droite à gauche, il va avoir un peu de lacet. Si le point de pivot est avancé, à l’arrière il y a la queue du foil qui se met un peu en drapeau, et le foil il suit toujours sa trajectoire et il est stable dans sa direction.

Donc dans cette famille Hawk, on a un foil où le mât et la platine sont monoblocs et c’est vraiment une seule et même pièce, c’est-à-dire que bien souvent dans la fabrication des foil carbone, on a un profilé de mat qui est collé dans une platine ; là, c’est une seule et même pièce, ça apporte beaucoup de rigidité. Ce foil, on peut l’avoir avec un fuselage aluminium anodisé noir, ou avec un fuselage titane ou encore avec un mât HM, ça, c’est la nouveauté de cette année. Ensuite, on customise, on a un configurateur sur notre site internet, et tu peux choisir la taille, le type d’aile que tu cherches, si c’est plutôt pour de la vague, du downwind du carving, du speed… tu choisis ton aile et tu peux choisir ton stabilisateur. Nous de toute façon ce que l’on va vraiment recommander, c’est que les clients nous appellent. La particularité d’Alpine Foil, c’est que l’on essaye finalement de recréer un peu la relation que l’on avait auparavant quand on allait dans un magasin où on allait voir son vendeur. On essaie d’avoir vraiment les conseils judicieux par rapport à son besoin. C’est-à-dire que nous, on reste une petite entreprise, et moi, je me fais vraiment un devoir de répondre un peu à tout le monde. En fait, les gens m’appellent, ou je les appelle systématiquement, pour pouvoir vraiment faire le point avec eux et voir le matériel qui leur correspond pour être sûr de pas me tromper et de vendre le matériel adapté. On est un peu tout l’inverse de ce que l’on peut trouver habituellement sur les sites internet, où en fait, on prend plus de numéro de téléphone, on n’a pas de mail, on n’a pas tout ça… nous c’est tout l’inverse, au contraire, on donne notre numéro de téléphone, on donne notre WhatsApp, et on veut discuter avec les gens de vive voix et recréer ce lien. On a aussi un showroom, mais souvent les gens sont quatre coins de la terre, donc moi, j’appelle moi-même, c’est vraiment ma façon de faire. C’est-à-dire que je suis à la fois le concepteur et j’ai vraiment envie de satisfaire toutes les personnes. On essaie d’aller dans cette logique, on n’est pas dans une logique de gros volumes, ce n’est pas notre logique

Après en windfoil, on a la gamme Revo, qui est la gamme entrée de gamme, la moins chère, on commence à partir de 1000 euros. On a ensuite le A1 Aluminium, un foil avec un fuselage beaucoup plus long et stable, puis on a la version carbone, la version sport et la version race.

On a aussi des planches. En kitefoil, on a la Pocket Pro Carbone qui est vraiment un produit ultra-innovant. En fait, c’est la première planche de kite qui est fabriqué comme un foil, c’est-à-dire que cette planche est ultra-légère et ultra-rigide, elle fait 1,9kg. Les sensations que l’on peut avoir sur cette planche, c’est incroyable. C’est une planche que l’on fabrique dans notre usine ici au Touvet. Après, on a des planches de wing. Les planches de wing que l’on a ce sont des planches qui ont été fabriquées en Asie et à terme, on souhaite fabriquer nos planches de wing en France, donc pour l’instant, on n’a pas une gamme très large de planche de wing, on a juste une 89 litres et une 109 litres plutôt grand public.

Au niveau de la gamme de prix, en wing, on commence à 1000€ avec le foil Ezee 1800, qui est en fait une entrée de gamme, mais pour moi qui a tendance à disparaître. Ensuite, on a le Modular, qui est très très intéressant, car il commence à 1399€, la version alu, puis la version carbone partir de 1675€, et puis on a le Modular HM à 1900€, en parallèle, on a le Hawk carbone à 2000€, le Hawk carbone HM à 2300€ et le Hawk titane à 2700€. On en a pour tous les prix ! Ce qui est bien, c’est que si on achète un Modular Alu à 1300€, ça peut devenir une formule 1, et on n’est pas obligé de tout changer. D’ailleurs, la version Alu est ultra-performante. On a vraiment un mât qui ne ventile pas, très rigide, et on est sur des ailes 100% carbone.

Quels sont les différents métiers qui interviennent de A à Z dans la conception, industrialisation et commercialisation d’un foil ?

On fait tout tout seuls, de A à Z. Au départ, ça commence par la conception, c’est moi qui conçois tous les foils, qui les dessine. Ensuite, on a la partie industrialisation, là, j’ai mes collaborateurs qui m’aident. Auparavant, c’était moi qui faisais aussi l’indus, mais maintenant, ils maîtrisent très bien cette partie, donc je leur confie, et moi, je suis juste là en support pour les guider en fonction du projet. La partie industrialisation ce sont les moules, ce sont les couches de carbones, ce sont les renforts qu’il va falloir mettre dedans, etc. En fait, ce que l’on appelle l’industrialisation, c’est fabriquer tous les outils pour pouvoir fabriquer. Ensuite il y a la partie fabrication, c’est-à-dire la découpe des couches de carbone, la cuisson, le vernissage, la déco… cette partie-là, le design esthétique, c’est aussi moi qui m’en occupe, idem pour les planches avec les couleurs, etc. Et puis, on a la partie marketing communication, où je suis là aussi un peu tout seul à faire ça. À la base, l’une de mes passions, c’était la photo et la vidéo, donc je fais la majorité des images pour les réseaux et le site d’Alpine Foil. Et puis on a cette façon de communiquer, c’est-à-dire que les gens, je les ai au téléphone, voilà, c’est ça notre créneau.

Nous, on fait un peu de ventes en shop, mais à l’étranger, et en France on fait que de la vente directe. Le vrai gagnant de ce type de vente, c’est le client final. Car si on regarde un produit, quelle que soit la marque, elle fait fabriquer par une usine, donc la marque achète un produit dans une usine, la marque prend sa marge. Ensuite le produit, la marque le revend à un importateur pour un continent, qui lui revend un magasin, qui lui revend un client. Donc à chaque fois, c’est 30%, donc au final le produit il faut qu’il ne coûte rien au départ tellement il y a d’intermédiaires. Nous, au contraire, notre démarche, c’est de dire, on va mettre des produits de plus en plus haut de gamme, matériaux, carbone, etc dans les produits parce que de toute façon, on n’a pas à payer tous ces intermédiaires. Comme ça, le client a un foil super haut de gamme à un prix qui est dans le marché. Chez nous, tu peux avoir un foil tout carbone pour le prix d’un aluminium/carbone chez d’autres marques. Ma philosophie, c’est vraiment de proposer les meilleurs produits au meilleur prix.

Du côté du wingfoil, quels sont les riders à avoir adopté Alpine Foil et quels sont leurs retours ?

Au départ, nous, on vendait dans plus de 75 pays, ça se vendait vraiment partout dans le monde. En fait, au début, on n’était que deux marques dans le monde, donc les clients n’avaient pas trop le choix. Puis rapidement les marques se sont multipliées, et les clients à l’étranger se sont plus tourner vers la proximité, ce qui est normal. Donc maintenant, on vend au moins à l’étranger, on vend beaucoup en Europe, mais surtout beaucoup en France et en Allemagne, Italie, Espagne… On vend aussi pas mal au Canada, mais un peu moins, on vend aussi en Nouvelle-Calédonie.

Après au niveau des riders, on a changé notre façon de penser par rapport à l’époque kitefoil. En kite, Alpine Foil, on a gagné le championnat de France 2016, 2017, 2018, 2019. Ensuite, je me suis rendu compte que l’on était beaucoup trop étiqueté compétition, et en fait les gens, le grand public, nous disaient “non non moi, je ne suis pas un compétiteur, je veux un foil pour naviguer”. Aujourd’hui, les riders que l’on a ce sont plutôt des riders passionnés, on est plus dans des gens qui vont arriver sur des spots et qui sont un peu entre parenthèses des ambassadeurs, que vraiment des riders compétiteurs. Pour moi, la compétition, ce n’est pas ce que je veux, en tout cas, plus maintenant. 

Pour finir, quels sont tes objectifs avec Alpine Foil pour 2023 ? 

Alors au niveau des produits, j’en développe tout le temps. On travaille aussi pour le nautisme et on est reconnu depuis pas très longtemps, mais depuis trois ans, on fabrique des foils de bateau OneFly. On a une expertise qui fait que l’on a été la seule marque à être sélectionnée par rapport à la difficulté de la réalisation des foils de bateau. Ce sont des petits bateaux fabriqués dans le Sud et nous, on leur fabrique tous les foils. On aimerait pouvoir continuer à se développer dans cette discipline-là.

Sinon chez Alpine Foil, on continue à développer tous nos produits, à développer la gamme DW qui marche très très bien. Les ailes DW en fait, ça a été une révolution pour nous, c’est un profil qui étend la plage basse et qui étend la plage haute. Si on prend par exemple une 980, elle se comporte en plage basse comme une 1200 et comme une 800 en plage haute en vitesse, la 680 ça se comporte comme une 2000 en plage basse et comme une 1000 en plage haute. Donc, on souhaite continuer à développer cette aile DW, on va avoir une aile plus petite qui sort, et puis une haute gamme encore au-dessus. Enfin, on est dans cette logique d’extension de cette gamme pour le wingfoil, et surtout en gardant tout inter-compatible.

Merci beaucoup Damien pour cet échange passionnant !

Plus d’infos sur Alpine Foil :
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A propos de l’auteur

Laurie Montagner

Du SUP Race au wingfoil, en passant par le windsurf, le wakesurf et le surf, vous trouverez Laurie dans le Sud-Ouest, partout où il y a de l’eau entre Gruissan, la Garonne et Capbreton. Passionnée des sports nautiques, elle passe son temps à surfer, que ce soit sur la vague… ou sur le web ! Laurie est en effet spécialiste en marketing et développement web, de l’écriture de lignes de code à la réalisation de vidéos professionnelles. Très attirée par la compétition, vous l’avez sûrement déjà croisée sur l’un des évènements SUP et wing aux quatre coins de la France !

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