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1h37 de pumpfoil ! L’ambassadeur Indiana Jérôme Baudoux nous raconte son record de vol (presque) infini

Le “vol infini” est-il réalisable ? Jérôme Baudoux, ambassadeur de la marque Indiana Paddle & Surf Co. affirme que oui, “à force de calculs et d’expérience”… sans oublier beaucoup de pumping ! Et pour le prouver, Jérôme vient de repousser les limites du possible en volant pendant plus d’une heure et demie rien qu’à la force de son pumping. Un record ! Inventeur de la machine WindUP, un treuil électrique pour pratiquer le foil partout, tout le temps, Jérôme est aussi un passionné de wingfoil. Bref, le foil il l’a dans la peau ! Pour TotalWing, Jérôme Baudoux revient sur son record, et nous détaille les specs de son matos Indiana qu’il a utilisé.

Photo : Xavier Rivet

Bonjour Jérôme, bienvenue sur TotalWing ! Félicitations pour ton récent record du monde, plus d’une heure et demie de pumping, wow!  Intéressons-nous tout d’abord à ton parcours et à la manière dont tu t’es lancé dans la pratique du foil…

Bonjour, merci de m’avoir contacté ! J’ai commencé à pratiquer le foil il y a environ trois ans en voyant l’émergence de cette nouvelle discipline. Voler au-dessus de l’eau était fascinant et ça m’a donné envie d’essayer. Pourtant, je n’ai pas de background qui me prédestinait au foil ; j’avais déjà fait un peu de kitesurf, mais j’étais plus intéressé par le ski de fond et les sports d’hiver. J’ai commencé avec des foils en bois et un treuil fait maison pour effectuer mes premiers vols. J’ai rapidement compris que c’était la meilleure et la seule solution pour naviguer sur mes lacs locaux rafaleux : soit en pumpfoil, en wingfoil ou en winchfoil.

Des foils en bois ?! Comment t’y es tu pris ?

L’objectif au tout début était seulement de voler au-dessus de l’eau pour découvrir ces sensations. Les matériaux venaient de ce que je pouvais récupérer en sélectionnant les bois les plus adaptés. Ensuite quelques calculs, un rabot et quelques outils permettent déjà de faire un foil qui sorte de l’eau à partir de quasiment rien et c’est ça qui me plaisait. Le défi était donc plus de fabriquer un foil assez solide et fin à partir du bois que j’avais plus que de sélectionner le profil d’aile. Mais depuis, j’ai essayé pas mal de foils haut de gamme, et j’ai compris qu’il n’y a absolument rien à voir, j’ai vite remplacé mes foils en bois 😅. Pour faire un foil vraiment performant, cela demande évidemment beaucoup de travail, d’optimisation et de meilleurs matériaux.

Peux-tu nous parler de ta collaboration avec Indiana ?

Au début de l’été, j’étais au Lac de Monteynard pour présenter un produit que j’ai développé moi-même (WindUP Winch), et comme je faisais du pumping depuis longtemps avec du matériel de plutôt mauvaise qualité, Raphaël d’Indiana m’a contacté et avec Maurus Strobel (CEO d’Indiana), ils m’ont proposé d’essayer leur nouveau setup de pumping destiné aux longues distances. Il s’avère que je suis également ingénieur en mécanique, alors, depuis, je participe au design des prochains foils de la marque. Et je suis vraiment heureux de faire partie de cette équipe !

Photo : Xavier Rivet

As-tu du matos de chez Indiana pour le wingfoil ? Si oui, peux-tu nous faire un petit tour de ton quiver et nous dire ce que tu en penses ?

Chez Indiana, je suis plus équipé pour le pumping que la wing. Mais j’en fais beaucoup dès que les conditions le permettent. Et de Indiana, j’utilise principalement les ailes 1050 X-AR et LeDoigt M. La 1050 X-AR pour aller vite même par petit vent avec une glisse incroyable. Et LeDoigt M pour s’amuser, carver et exploiter les petites vagues. L’aile LeDoigt M est super efficace au pumping pour sa taille, donc vraiment bien pour reconnecter les vagues en freefly.

A propos du record lui-même : comment as-tu eu l’idée de te lancer dans ce défi ?

Le record de durée de pumping est quelque chose que je recherchais depuis le début de mon aventure avec le foil. J’ai vraiment eu l’impression que le vol infini était réalisable grâce à un peu de calcul et d’expérience. L’idée de naviguer sur n’importe quel plan d’eau à cette vitesse avec un équipement aussi petit me séduit. J’aime les défis sportifs. J’aime la sensation de glisse. J’aime les défis techniques. Je devais donc relever ce défi.

Comment se prépare-t-on à un tel défi ?

Tout d’abord, je devais m’habituer au foil. Chaque foil a son propre comportement de pumping et passer du temps dessus est le seul moyen de faire correspondre parfaitement les coups de pump des jambes et le comportement de vol du foil. Et j’ai un treuil qui me permet de passer beaucoup de temps à voler.

Physiquement, je pratique d’autres sports tout au long de l’année et je m’entraîne pour la prochaine saison de ski de fond. Mais ce qui m’aide le plus, c’est que je sais très bien, grâce à mon expérience sportive, quel est le meilleur moment et le meilleur type d’entraînement pour être en bonne forme pour un jour précis.

Photo : Xavier Rivet

Comment as-tu décidé de ton équipement ?

Avec Indiana, le choix a été simple. Leur aile avant 1396P est clairement la plus efficace. Elle est conçue pour une portance élevée et une excellente glisse. Tous les autres éléments et réglages du foil sont plus liés au confort et au comportement du foil. Mais ils n’en sont pas moins importants.

Un mât court, rigide et léger est idéal pour le pumping, car il permet une bonne réactivité du foil et un excellent transfert de puissance. Le mât carbone 72 LW possède ces caractéristiques. Le fuselage Alu 610 court donne de l’agilité au tangage et le stab HP 336 a le moins de traînée possible tout en offrant une stabilité suffisante. La planche Ledoigt 3’7″ est aussi le meilleur compromis entre rigidité et légèreté. Ensuite, quelques heures sur le foil me permettent de choisir les réglages et les cales qui me conviennent le mieux.

Photo : Xavier Rivet

Quelle a été la partie la plus difficile de ce défi ?

Ce jour-là, l’eau était vraiment vitreuse. Il n’y avait donc presque pas de vent, ce qui est une bonne chose, mais cela signifie aussi qu’il est difficile de déterminer la hauteur du foil. J’ai donc dû voler un peu bas pour éviter à tout prix de faire sortir le foil. Et voler bas demande généralement plus de puissance.

La chose la plus importante pour faire des runs plus longs est la régularité. Chaque erreur, chaque légère accélération ou chaque coup mal dosé augmente la fatigue et réduit le temps que l’on peut espérer.

As-tu d’autres idées de tentatives de record du monde de pumping ?

Bien sûr ! Je ne sais pas comment ils seront classés, mais j’ai vraiment envie d’en faire d’autres. Je pense faire un marathon complet, traverser la largeur du lac Léman et la longueur du lac d’Annecy. Traverser la Manche serait aussi un bel exploit !

Que penses-tu de la croissance du pumpfoil en tant que discipline sportive ?

J’adore ça ! J’espère que nous sommes dans les prémisses du XC foiling avec le dockstart/pumpfoil. Le matériel s’améliore très rapidement et change la façon dont nous voyons le foil. De plus, le dockstart est bien plus facile qu’il ne l’était, avec du matériel dédié. Ce n’est plus seulement un sport de surf et de voile. J’espère aussi que cela permettra à beaucoup plus de gens de naviguer sur leur plan d’eau local, de simplifier leur équipement et de profiter de la nature, car cela réduira l’impact environnemental par rapport à la plupart des disciplines de foil.

D’ailleurs, tu as créé le winch WindUP Winch, peux-tu nous dire en quoi consiste cette chouette machine ? Quelles ont été les impulsions pour te lancer là-dedans ?

C’est un treuil que l’on ancre sur une berge, une plage ou un ponton et qui permet de naviguer sur n’importe quel plan d’eau et quelles que soient les conditions. En autonomie grâce à la télécommande ou entre amis 😊 Avec un peu de pratique, il permet de naviguer en continu, de faire du carving, de prendre des vagues, de faire des sauts ou de se lancer pour un run de pumping. Faire du winch foil ressemble finalement beaucoup au surfoil. Mais sur n’importe quel plan d’eau et en plus accessible. J’ai fabriqué les premiers prototypes tout simplement pour pouvoir apprendre le foil moi-même. C’était la seule solution dans les petits lacs au vent capricieux du haut Jura. Les premiers protos ont reçu beaucoup d’intérêt et j’ai donc décidé de le développer et d’en faire le projet qu’il est maintenant.

Est-ce que pratiquer le foil en winch peut aider à débuter et progresser en foil ? Que ce soit pour le surf foil ou la wing ou même le pumping…

Ça aide énormément ! Personnellement, j’ai appris le vol en foil grâce à ça et ça m’a ensuite beaucoup aidé pour le pumping. Il permet d’enchaîner les runs de pumping sans se fatiguer. Il m’a aussi permis de découvrir le surf foil facilement en éliminant la difficulté du takeoff. Et il aidera à découvrir les premiers vols pour des débutants au sein d’une école ou d’un club par exemple. C’est en effet une alternative abordable et transportable au bateau. J’espère aussi permettre aux foileurs de pratiquer toute l’année et au plus proche de chez eux sur leur plan d’eau local.

Photo : @photomedano

Merci beaucoup Jérôme ! On va continuer à suivre tes aventures foilesques !

Pour vous équiper avec le même matos du record du monde de Jérôme :

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Cet article est une traduction partielle de l’interview réalisée par Anna Nadolna sur TotalSUP.

A propos de l’auteur

Laurie Montagner

Du SUP Race au wingfoil, en passant par le windsurf, le wakesurf et le surf, vous trouverez Laurie dans le Sud-Ouest, partout où il y a de l’eau entre Gruissan, la Garonne et Capbreton. Passionnée des sports nautiques, elle passe son temps à surfer, que ce soit sur la vague… ou sur le web ! Laurie est en effet spécialiste en marketing et développement web, de l’écriture de lignes de code à la réalisation de vidéos professionnelles. Très attirée par la compétition, vous l’avez sûrement déjà croisée sur l’un des évènements SUP et wing aux quatre coins de la France !

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